Changer de voie professionnelle est une décision importante qui demande réflexion et engagement. De nombreux enseignants choisissent de se reconvertir vers d’autres secteurs ou d’évoluer au sein de l’Éducation nationale pour retrouver une motivation et un équilibre professionnel. C’est le cas de Madeleine, ancienne professeure d’économie et gestion, qui a choisi de devenir professeur documentaliste. Son témoignage illustre les étapes, les défis et les réussites d’un tel parcours. Elle nous partage son expérience, ses doutes et ses conseils pour celles et ceux qui envisagent un changement de carrière similaire.

Un parcours de plus de 20 ans dans l’enseignement
Madeleine a exercé en tant que professeure d’économie et gestion pendant plus de 20 ans. « J’arrivais à un point où je ne retrouvais plus l’enthousiasme du début. J’avais fait le tour de mon métier, et la routine commençait à peser. » explique-t-elle. « J’avais toujours été passionnée par la transmission des savoirs, mais j’avais besoin d’un renouveau, d’un métier qui m’apporte plus de diversité et d’épanouissement. Ce caractère un peu monotone du fait de donner des cours, de corriger les copies, de continuer à préparer les cours… Au bout de tant d’années, cette routine m’a fatiguée. Ça me pesait.«
Pour Madeleine, les choses n’ont pas toujours été faciles. A l’image de plusieurs de ses collègues, la charge émotionnelle et psychologique devenait trop lourde à porter pour elle. « En fait, les conditions de travail étaient difficiles pour moi, puisque j’ai souvent eu des postes de titulaire sur zone de remplacement (TZR). Donc, à chaque prise de poste, il fallait faire ses preuves. Et cela demande beaucoup d’efforts pour s’imposer face aux élèves. Au bout de tant d’années, j’ai ressenti de la lassitude, un besoin de renouveau. »
Une transition réfléchie et un choix mûr
Contrairement à d’autres reconversions qui peuvent résulter d’un événement déclencheur, la décision de Madeleine a été le fruit d’une réflexion sur plusieurs années. « J’ai commencé à chercher des informations sur les possibilités de reconversion pour les enseignants, notamment via des associations comme Aideauxprofs J’ai beaucoup hésité entre quitter l’Éducation nationale ou rester en adaptant mon parcours.«
« Finalement, j’ai réalisé que je voulais rester dans un cadre que je connaissais bien tout en ayant un rôle différent. Je ne voulais pas perdre toutes ces années d’expérience en tant qu’enseignante, mais je voulais les mettre à profit autrement. » Son intérêt pour la littérature et la gestion documentaire l’a poussée à choisir le métier de professeur documentaliste, un poste qui lui permettait de valoriser ses compétences pédagogiques tout en se rapprochant d’un domaine qui la passionnait.
Un processus de reconversion exigeant
Le chemin vers son nouveau métier n’a pas été simple. « Il a fallu d’abord effectuer une demande de changement de discipline auprès du rectorat, ce qui implique de remplir un dossier justifiant ma motivation et ma capacité à exercer en tant que professeur documentaliste. Pour moi, cela a pris plusieurs années, car il est compliqué d’obtenir ce changement de discipline en fonction de la demande et de votre discipline actuelle. Une fois acceptée, j’ai été dirigée vers une formation universitaire spécifique pour les reconversions. Une autre voie est possible via le Master MEEF Documentation, dispensé par une INSPE (Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation). Cette formation, d’une durée de deux ans, comprend des cours théoriques sur la gestion documentaire, la médiation numérique et l’accompagnement des élèves dans la recherche d’information. Parallèlement dans tous les cas, il faut réaliser des stages en CDI d’établissements scolaires, qui permettent d’expérimenter le métier sur le terrain. Il est également possible de passer le CAPES interne de documentation. Enfin, une fois titularisée, j’ai suivi une année de formation continue pour parfaire mes compétences en gestion de fonds documentaire et en animation pédagogique.«
Madeleine, après tant d’années d’enseignement, est donc passée de l’autre côté du miroir en revenant sur la chaise de l’élève pour réaliser son souhait. « La formation était longue, et retourner sur les bancs de l’école après tant d’années d’enseignement était un véritable défi. Mais j’ai trouvé cela très stimulant, et j’ai même beaucoup apprécié de revenir dans la position d’un apprenant. J’ai dû maîtriser de nouveaux outils numériques, comprendre les rouages de la gestion documentaire et repenser ma façon d’interagir avec les élèves… Cela m’a beaucoup plu. »
Un nouveau métier plus diversifié et stimulant
Les différences entre ses deux métiers sont nombreuses. « En économie-gestion, la routine était installée : préparer les cours, les dispenser, corriger les copies. Aujourd’hui, je peux organiser des expositions, conseiller les élèves sur leurs lectures, gérer un fonds documentaire et collaborer avec des enseignants de différentes disciplines. » Cette diversité d’activités est ce qui lui plaît le plus dans son nouveau poste.
« L’aspect relationnel a aussi changé. Avant, j’étais en position frontale avec les élèves, maintenant je suis plutôt dans un rôle d’accompagnement. Je les aide à effectuer des recherches, je les conseille sur leurs lectures, et je participe à des projets collaboratifs avec eux. C’est très enrichissant.«
L’importance du bilan de compétences
Si elle avait pu revenir en arrière, Madeleine aurait sans doute demandé de l’aide pour clarifier sa pensée à l’époque de sa réflexion. « Un bilan de compétences aurait pu être un atout pour moi. J’y avais pensé à l’époque, mais j’avais déjà une idée assez précise de ce que je voulais faire, et il me manquait simplement la motivation de me lancer réellement. Cela dit, pour quelqu’un qui doute encore de sa voie ou qui souhaite se retrouver, c’est un outil très pertinent.«
Elle ajoute : « Cela permet de faire le point sur ses compétences, de voir quelles sont les options possibles, et surtout de valider un projet de reconversion en évitant de se lancer sur un coup de tête. Si j’avais fait ce bilan, peut-être que j’aurais gagné du temps dans ma réflexion. »
Conseils pour une reconversion réussie
Pour celles et ceux qui envisagent une reconversion dans l’Éducation nationale, Madeleine conseille de « bien réfléchir à son projet, analyser ses compétences et ses passions, et surtout ne pas prendre de décision sur un coup de tête. Un bilan de compétences peut être très utile pour clarifier ses envies et identifier les options possibles. Et bien sûr, il faut s’armer de patience et de persévérance, car les démarches peuvent être longues. »
Avec le recul, elle ne regrette pas son choix : « C’était un pari, mais aujourd’hui, je suis épanouie dans mon nouveau métier. J’ai retrouvé la motivation et l’envie d’apprendre chaque jour.«
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